Sonneur à ventre jaune En danger critique Bombina variegata
Le Sonneur à ventre jaune est une espèce d’Europe centrale et méridionale. Sur les marges
nord et ouest de son aire de répartition, on constate un déclin important et il ne reste souvent
que des populations isolées.
Ce constat se vérifie en Pays de la Loire puisque seul le département de la Sarthe accueille
encore, avec certitude, l’espèce. L’ampleur du déclin n’est pas connue mais doit être
à l’image du déclin de sa répartition. Son statut de conservation régional est jugé très défavorable.
Le Sonneur est classé dans la catégorie « en danger critique de disparition ».
Répartition régionale
Dans les Pays de la Loire, les populations contemporaines de Sonneur à ventre jaune se
rencontrent généralement en milieu bocager, mais l’espèce s’observe également dans des
sites artificiels tels une carrière de roches massives. Dans ces milieux, le Sonneur affectionne
les petites mares, les ornières, les fossés, les nappes d’eau de surface pour se reproduire,
mais plus rarement les puisards.
À l’échelle régionale, la répartition connue de l’espèce est limitée à un site dans les Mauges,
où une seule donnée atteste de sa présence ces trois dernières années, et à cinq communes
connexes dans le Nord-Ouest de la Sarthe. Ces communes accueillent la dernière métapopulation
actuellement connue en Pays de la Loire, composée de deux sous-populations et
de plusieurs micro-stations. Les échanges populationnels restent néanmoins à déterminer.État des populations et tendancesAu début du XXe siècle, le Sonneur à ventre jaune semblait être répandu dans les départements
de Maine-et-Loire, de Loire-Atlantique et de la Sarthe, d’après Gentil et Letacq. Il
était même qualifié en Sarthe, par Gentil, de « commun dans les mares et les fossés » entre
1884 et 1924. Dans la seconde moitié du XXe siècle, notamment sur la période 1970-1989,
l’espèce s’est considérablement raréfiée dans ce département. Durand citait aussi l’espèce
en Vendée, près de Challans, au début du XXe siècle.
En Sarthe, la première sous-population a été découverte en 1999. Sa reproduction est circonscrite
dans un fossé de bord de route et une mare abreuvoir.
Menaces et mesures de conservationLe fort déclin du Sonneur à ventre jaune n’est pas parfaitement élucidé. Il résulte, probablement,
d’une combinaison de facteurs aggravants. Des facteurs climatiques tels que la pluviométrie,
la température et l’ensoleillement ont pu contribuer au déclin des populations situées
aux limites de l’aire de répartition de l’espèce comme celle des Pays de la Loire localisée sur la
marge ouest. L'intensification agricole qui s’opère depuis plusieurs décennies dans notre région
et notamment le comblement des mares, le retournement des prairies, le drainage et l’assèchement
des zones hydromorphes, l’emploi massif des pesticides n’ont pu qu’accentuer le phénomène
de raréfaction et d’isolement du Sonneur à ventre jaune.
Les derniers noyaux d’individus sarthois font l'objet de suivis et des conventions ont été signées
pour permettre leur préservation. La première sous-population fait l’objet d’un suivi
scientifique et d’une gestion conservatoire réalisée par le CPNS depuis sa découverte en 1999.
Par ailleurs, la LPO Sarthe réalise un suivi trimestriel sur la carrière pour accompagner l'exploitant
dans la mise en oeuvre des mesures de gestion préconisées et ce pendant les 30 années
d'exploitation du site. En Maine-et-Loire, le site relictuel des Mauges fait actuellement l’objet
d’opérations de restauration (création d’ornières, restauration d’une mare, suppression de ligneux…)
grâce au partenariat entre les propriétaires, le CPIE Loire et Mauges et le Zoo de
Doué-la-Fontaine.
Malgré ces efforts, il est impératif, dès aujourd'hui, de rechercher d'autres stations même dans
les départements où l’espèce semble disparue. Les « re-découvertes » relativement récentes
laissent à penser que le Sonneur à ventre jaune peut encore être présent sur des secteurs peu
prospectés. D’autre part, il est urgent de mettre en oeuvre un plan de restauration de plus vaste
envergure afin de renforcer les mesures conservatoires actuelles.
Dominique Bergeal (CPNS)
Frédéric Lécureur (LPO Sarthe)
Triton marbré Préoccupation mineureTriturus marmoratusLe Triton marbré est considéré comme non menacé au niveau français et européen, bien
qu’une régression générale des populations soit constatée depuis plusieurs décennies, et
d’autant plus marquée sur les marges de son aire de répartition.
Dans les Pays de la Loire, le statut du Triton marbré est jugé de « préoccupation mineure »
mais c’est un amphibien prioritaire car son aire de répartition régionale représente 6 % de
l’aire de répartition globale et 10 % de l’aire de répartition nationaleRépartition régionaleLe Triton marbré a une aire de répartition restreinte à la France et à la péninsule Ibérique.
Sur le territoire français, l’espèce est présente dans la moitié ouest du pays et ne dépasse
pas la Seine au nord.
L’espèce est connue dans les cinq départements des Pays de la Loire. Sa répartition est plus
homogène dans le Sud-Ouest de la région, où on la trouve principalement dans les zones
bocagères, les littoraux boisés et les marais.
Menaces et mesures de conservationLe remembrement, particulièrement dévastateur dans les années 1970 et 1980, a sans doute
constitué la plus grave agression portée aux populations régionales du Triton marbré, principalement
présent, en Pays de la Loire, dans le bocage. La mise en culture des prairies, l’agrandissement
des parcelles par arasement des haies, le comblement des mares, le drainage et
l’urbanisation constituent des menaces encore très fortes dans la région. Ces modifications détruisent
directement les milieux indispensables aux différentes phases du cycle vital de ce triton,
notamment les mares, indispensables pour sa reproduction et le développement des juvéniles.
Mais aussi, l’usage généralisé des intrants, tels que les pesticides, dégrade les milieux et
ont un impact négatif qui a été démontré chez d’autres espèces d’amphibiens, notamment
chez le Triton ponctué Lissotriton vulgaris.
Les mesures favorables à la conservation du Triton marbré sont la préservation et la restauration
des biotopes vitaux pour l’espèce qui forment une mosaïque de milieux constitués de mares,
de prairies, de haies et de boisements. Le maintien des activités extensives liées à l’élevage
doit permettre d’atteindre partiellement cet objectif, à condition que les points d’abreuvement
traditionnel soient conservés et entretenus. De la même manière, une réduction drastique
de l’usage des intrants devrait s’opérer à l’échelle régionale. De plus, les opérations de
plantations de haies (si possible sur talus) sont à poursuivre et à encourager et ce afin de recréer
le maillage bocager, déstructuré ou disparu dans certains secteurs. Dans les milieux forestiers,
la conservation et la gestion écologique des mares sont essentielles ainsi que la préservation
des zones les plus hydromorphes. Des actions de sensibilisation auprès des forestiers,
privés et publics, doivent être engagées. Dans les Mauges, la réhabilitation des carrières
d’argile doit s’accompagner d’une sensibilisation des entrepreneurs afin d’éviter leur comblement
et de proposer des mesures favorables au maintien de ces milieux propices au Triton
marbré (profil des fosses d’extraction, maintien de l’argile à nu…) mais également à d’autres
espèces d’amphibiens.
Benoît Marchadour (Coordination LPO Pays de la Loire)
Triton ponctué VulnérableLissotriton vulgarisRépartition régionaleHormis la Vendée, le Triton ponctué est présent dans tous les départements de la région.
L’espèce recherche des sites de reproduction où l’ensoleillement est important et la végétation
aquatique abondante. En Maine-et-Loire et Loire-Atlantique, l’espèce se rencontre le
plus fréquemment dans les vallées alluviales (Loire, Basses Vallées Angevines, marais de la
Vilaine et bords de l’Erdre) où elle exploite les mares, les fossés, les boires et les dépressions
aux pied des levées. On l’y trouve fréquemment en présence du Triton palmé Lissotriton
helveticus.
La vallée de la Loire semble constituer la limite méridionale actuelle dans cette partie de
l’aire de distribution. En Loire-Atlantique, sa présence est encore signalée dans des petites
pièces d’eau bocagères au nord de la Brière, ainsi que dans les marais de Redon (bras mort
de la Vilaine à Saint-Nicolas-de-Redon). Elle occupe également les mares bocagères en Sarthe
et en Mayenne.
Menaces et mesures de conservationLa principale menace réside dans les modifications ou la disparition des sites de reproduction
et des refuges terrestres de l’espèce. L’abaissement de la ligne d’eau de la Loire pourrait
contribuer à fragiliser les populations alluviales. L’assèchement et la moindre susceptibilité à
l’inondation des terrains pourraient conduire à la raréfaction des sites de reproduction et une
occupation du sol moins favorable à l’espèce. Plus généralement, la régression du nombre de
sites de reproduction liée au drainage des terres et au comblement des mares est défavorable
et contribue à accroître la fragmentation des noyaux de populations. L’explosion démographique
de l’Écrevisse rouge de Louisiane, Procambarus clarkii, dans les marais briérons entraîne
également la destruction d’individus par prédation ainsi que la disparition des herbiers aquatiques,
c’est-à-dire des sites de pontes et de développement larvaire. L’introduction, en 1988,
de ce crustacé exogène et invasif constitue l’une des causes de régression supposée du Triton
ponctué dans cette zone. Son expansion à l’est, et notamment vers les Basses Vallées Angevines,
peut être considérée comme préoccupante. Les molécules et composés issus des activités
agricole, industrielle et domestique constituent un facteur de risque croissant. L’effet de plusieurs
molécules communes est maintenant bien démontré chez les amphibiens. Les changements
climatiques actuels, par leur possible action sur le régime de précipitations et l’hydrologie
des sites de reproduction, constituent également un risque nouveau. De par leur position
biogéographique périphérique, les populations régionales pourraient ainsi subir les effets de
futures modifications du climat. La disparition des populations vendéennes pourrait constituer
un premier signal de cette tendance.
Les mesures visant à conserver et accroître à la fois le nombre et la qualité des sites de reproduction
(mares, boires, fossés de marais, etc.) et des habitats terrestres adjacents
(boisements, prairies bocagères, haies et talus) représentent la priorité pour cette espèce. Le
maintien ou la restauration de noyaux de populations interconnectés permettant l’échange
d’individus et facilitant la recolonisation entre sites est également essentielle afin de garantir la
stabilité des populations. La position périphérique des populations régionales leur confère un
caractère de singularité biologique en raison de leur possible adaptation à des conditions écologiques
limites. Leur probable fragilité vis-à-vis des changements globaux actuels mérite une
attention particulière.
Jean Secondi (Université d’Angers)